Revue de presse
L’actualité politique et culturelle
passée en revue par Jeannette
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Éloge du poireau
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L’édito de Jacky Durand – Rubrique « Tu mitonnes » – Libération – 2 février 2024
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C’est pas pour dire, mais on est souvent injuste avec le poireau. On le sous-estime par ignorance parce qu’on le cantonne à la soupe de l’hiver, à la vinaigrette sans imagination. C’est un peu comme les vieux couples qui n’ont plus rien à se dire et qui restent ensemble. Vous comprenez, les enfants, les petits-enfants, la maison…
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Et pourtant s’il pouvait causer, le poireau en aurait des choses à raconter. Comme le vieux grognard qu’il est stoïque dans les jardins enneigés, pataugeant dans la gadoue des interminables semaines grises. Il vous dirait que c’est pas tout le monde qui a eu les honneurs de la Duras, évoquant la soupe aux poireaux dans Outside (1). «Il faut du temps, des années pour retrouver la saveur de cette soupe, imposée aux enfants sous divers prétextes (la soupe fait grandir, la soupe rend gentil, etc.). Rien dans la cuisine française ne rejoint la simplicité, la nécessité de la soupe aux poireaux. Elle a dû être inventée dans une contrée occidentale un soir d’hiver, par une femme encore jeune de la bourgeoisie locale qui, ce soir-là, tenait les sauces grasses en horreur – et plus encore sans doute – mais le savait-elle? Le corps avale cette soupe avec bonheur.»
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Oui le bonheur est dans le poireau: en simples tronçons sur la braise, en fondue avec un trait d’huile d’olive et un filet de poisson et c’est la terre qui embrasse la mer. On se souvient ainsi du parfum du poireau dans l’air face au Mont-Saint-Michel. Magique. Les grands chefs ne s’y sont pas trompés comme l’archi-étoilé Alain Ducasse qui nous fait saliver avec sa «terrine poireaux et aile de raie» dans Simple, sain et bon (2). En flamiche, étendard de la cuisine picarde, en gratin, en tourte au fromage de chèvre, en fondue dans les œufs cocotte, en tarte avec du parmesan, le poireau est un monument d’inspiration culinaire pour qui veut bien s’y intéresser autrement que sous les auspices du dieu Priape qui lui a valu tant de blagues de cul.
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Et puis pour nous, au restaurant, le poireau vinaigrette, c’est un peu comme l’œuf mayonnaise, le faux-filet frites: des marqueurs efficaces pour se faire une idée de la qualité des produits servis et de l’aptitude du cuisinier à les apprêter. Parce que c’est souvent dans la simplicité que l’on reconnaît le brio comme le disait encore Marguerite Duras à propos de sa soupe aux poireaux: « On croit savoir la faire, elle paraît simple, et trop souvent on la néglige. Il faut qu’elle cuise entre quinze et vingt minutes et non pas deux heures – toutes les femmes françaises font trop cuire les légumes et les soupes. Et puis il vaut mieux mettre les poireaux quand les pommes de terre bouillent: la soupe restera verte et beaucoup plus parfumée. Et puis aussi il faut bien doser les poireaux: deux poireaux moyens suffisent pour un kilo de pommes de terre. »
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(1) Ed. Folio, 2014, 9 euros.
(2) Ed. Alain Ducasse, 2015, 35 euros.
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Pesticides, encore et toujours…
Cet article paru dans le Canard Enchaîné de cette semaine (daté mercredi 3 janvier 2024) et signé par Jean Luc Porquet, revient, à nouveau, sur cette désespérante « farce »
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Billet d’humeur de Denis Cheissoux énoncé lors de son dernier « CO2 mon amour » de 2023 sur France Inter.
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Et demain forger de la beauté
Dans ce bail éphémère de la vie,
Sur ce grain de Terre paumé dans l’univers,
Dans ce bal d’étoiles et de folies,
Il faut sortir le soir, à minuit, saluer la lune, écouter la chouette et le silence,
Le renard dans les fourrés.
Il faut plaquer nos certitudes,
Et cesser de prévoir,
De trébucher sur du binaire.
Il faut comprendre nos tempêtes,
Les rivières, les bêtes et les éclairs,
Ressortir nos équerres.
Il faut comprendre le vent et lui parler,
Il faut laisser la terre, le sol respirer.
Reprendre enfin son pouls,
Cesser d’engraisser les valses tristes,
Tenir à distance l’abîme, le précipice,
Et porter en soi des rêves encore plus fous.
Oui, il faut dans le chaos, les difficultés,
Remettre son désir de vie sur le métier,
Et demain forger de la beauté.
Nous sommes des mômes impatients, des cerveaux dirigés,
Nous sommes avec la Terre, l’eau, l’air, les mers, des enfants mal élevés,
Dessus nous essuyons nos pieds.
Autant de génie pour détruire, mais combien pour bâtir un demain habitable, et sortir nos têtes ébouillantées d’économie ?
Nous sommes des boussoles agitées, des clics, des pulsions,
Qui en vain cherchons le nord, l’illusion,
On voudrait juste trouver la paix, un havre, un port,
Une colline où planter des arbres, des fleurs, des haies pour les abeilles.
Retrouver ce glissement d’oiseau en fuite,
Et le goût de la treille.
Tenir, tenir tête aux mensonges, agir et résister,
Eviter le faux pas au soleil du néant,
Sortir juste un peu d’amour du fond de nos tiroirs
Sans jamais piétiner l’espoir.
Et faire le ver luisant pour attirer l’amant
Pour demain, toujours forger, forger de la beauté.
Il faut planter d’autres graines,
Dans nos sols, nos esprits,
Pour raviver nos corps,
Faire ensemble avec nos énergies,
Et façonner l’égrégore,
Il faut semer des jeunes moins bêtes, moins imprévoyants,
Et bons à autre chose que fabriquer de l’argent.
Alors oui, ce soir minuit, une dernière feuille arrachée au calendrier : vous souhaitez un corps en bonne santé et ensuite ce que vous voulez, même de gagner au loto de la biodiversité.
Saluez le vivant, la paix, les fleurs endormies, préservez ce qui est encore possible, en buvant les larmes des derniers glaciers.
Et faisons monter un autre levain,
En forgeant de la beauté pour demain.
Denis Cheissoux
(CO2 mon amour – France inter – 31.12.2023)
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Prix Albert Londres 2023, le journaliste Nicolas Legendre a été récompensé pour son enquête glaçante sur l’agroalimentaire breton : Silence dans les champs, le livre-enquête sur un système opaque.
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Ce fils d’agriculteur qui a longtemps suivi les dossiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Bretagne pour le journal Le Monde, a mené des centaines d’entretiens avec des paysans, des salariés et cadres de coopératives, des élus, des chefs d’entreprise, des syndicalistes, en s’appuyant également sur la littérature scientifique.
Nicolas Legendre procède ainsi à une autopsie du complexe agro-industriel breton, qui a modifié en un siècle le petit territoire en une énorme plate-forme agroalimentaire, transformant soja et céréales en saucisses, lardons, blancs de poulets et nuggets via l’élevage industriel et les entreprises de transformation, au prix d’une incroyable souffrance des éleveurs de base totalement inféodés et des ouvriers et ouvrières de l’agroalimentaire, ainsi que d’énormes destructions écologiques.
Nicolas Legendre n’est pas sorti indemne de cette enquête. « J’ai recueilli des témoignages touchants et émouvants, dit-il. Le monde paysan est victime de ce système. Le désarroi des éleveurs, les drames, les suicides…
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Une histoire de la première amap en France
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Amap, pour association pour le maintien d’une agriculture paysanne. La première amap est née en 2001 dans le Var, dans la ferme des Olivades de Daniel et Denise Vuillon, avec pour objectif de garantir une qualité dans la production des aliments et de maintenir une agriculture vouée à disparaître.
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Ils reviennent avec passion sur l’histoire de leur ferme « Les Olivades », sauvée de l’expropriation par la création de la première amap en France.
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Créée sur un climat de confiance entre producteurs et consommateurs, ces derniers devenant « amapiens » comme l’explique Denise Vuillon. Le producteur se doit d’être transparent et d’expliquer ses dépenses, il est par ailleurs contraint de ne pas utiliser d’engrais chimiques de synthèse, d’herbicides, de pesticides et se doit de protéger au mieux le sol…
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Photo : Première amap de France « Les Olivades » à Ollioules ©Maxppp – /LA PROVENCE/
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Sur le site de Reporterre ce 11 mai 2023, une interview passionnante du philosophe Baptiste Morizot. Pour lui, il n’y a qu’un moyen de préserver l’habitabilité sur Terre et les modes de subsistance de la vie humaine : fonder des alliances avec des non-humains.
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L’interview menée par Hervé Kempf peut être lue ou écoutée à cette adresse : https://reporterre.net/Baptiste-Morizot-Le-vivant-n-est-pas-une-petite-chose-fragile-mais-un-allie?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_hebdo
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La fin du bio ?
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Après avoir atteint un pic en 2020, la vente de produits bio connaît depuis 2021 une baisse qui se prolonge : nous en mangeons de moins en moins, les magasins bio ferment les uns derrière les autres, les enseignes de grande distribution ont procédé à un retrait massif des produits biologiques des rayons, et les agriculteurs sont de moins en moins nombreux à se convertir: comment expliquer ce retournement du marché après la phase de croissance continue voire d’euphorie atteinte en 2020? Comment sortir de cette crise et redonner de la vigueur à la filière ?
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Avec Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, organisme chargé du développement et de la promotion de l’agriculture biologique en France.
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« Le modèle des AMAP nous permet d’imaginer un futur qui reconnecte la production et la consommation »
L’anthropologue Valeria Siniscalchi décrit, dans une tribune au « Monde », la relation contractuelle – à la fois marchande et militante – qui relie producteurs de fruits et légumes et consommateurs dans les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne.
Une certaine forme de sobriété est pratiquée depuis longtemps dans le domaine de la production et de la distribution alimentaire. Celle-ci prend forme au sein des systèmes qui relient maraîchers et consommateurs urbains, comme les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) en France, les coopératives de consommateurs et producteurs en Grèce ou en Catalogne, les groupes d’achat solidaire en Italie, les supermarchés coopératifs et les Community Supported Agriculture aux Etats-Unis. Ces expériences diverses peuvent être considérées à la fois comme des exemples d’activisme alimentaire, dans lesquelles les adhérents s’opposent par leurs pratiques de production et de consommation au système économique et alimentaire de l’agro-industrie, et comme des projets concrets à petite échelle pour repenser la façon de produire, de s’approvisionner et de s’alimenter.
Prenons le cas des systèmes d’abonnement aux paniers de légumes type AMAP qui, dans la ville de Marseille, se réunissent dans le réseau des Paniers marseillais. Les contrats qui relient maraîchers et « consom’acteurs » (le terme est utilisé pour désigner les consommateurs adhérents du système) permettent à ces derniers de s’assurer une année en fruits et légumes de saison, biologiques, produits à proximité et à des prix plus intéressants que ceux de la grande distribution. Aux maraîchers est garantie la vente de la production de l’année, et donc des revenus sûrs, censés leur permettre de vivre de leur activité, mais aussi de se libérer de la mise en concurrence opérée par la grande distribution et les intermédiaires commerciaux.
Mais ce système a également d’autres effets, en premier lieu sur la façon de produire. L’agriculture biologique pratiquée à l’échelle familiale, avec quelques salariés, demande de prêter attention aux sols et de diversifier les cultures. Le rythme des livraisons impose de repenser les temps de la production afin de pouvoir fournir des paniers diversifiés chaque semaine, comme le prévoit le contrat. La proximité entre les lieux de production et les lieux de distribution permet aux maraîchers de produire des variétés de légumes plus fragiles, qui demandent des délais courts entre la récolte et la distribution, mais qui sont aussi plus goûteuses en maintenant ou en réintroduisant ainsi de la biodiversité dans les champs.
Les adhérents, de leur côté, prennent conscience des aléas et des difficultés de la production, dont ils partagent une partie des risques. Ils modifient également leur attitude vis-à-vis de la nourriture : ils ne la choisissent pas, ni en quantité ni en variété, mais doivent apprendre à faire avec des légumes de saison, dont la quantité varie au fil des semaines.
Au-delà du local
La dimension « alternative » ne va cependant pas sans contraintes : pour les consommateurs, le rythme hebdomadaire des distributions, l’apparente absence de choix ; pour les maraîchers, l’organisation du cycle productif devant gérer un nombre important de variétés, la prise en charge de la distribution ; et, enfin, la mobilisation de bénévoles pour gérer les différentes étapes du système. Ces mêmes contraintes constituent la base de l’engagement solidaire qui relie les deux pôles de la relation. Cet engagement est probablement l’élément qui différencie ce système d’autres formes de vente et d’approvisionnement, même si la relation n’est pas à l’abri de tensions, et parfois de ruptures si l’un ou l’autre des acteurs ne respecte pas la philosophie du contrat.
Repenser le système alimentaire à partir d’expériences localisées ne veut pas dire localisme, car l’impact de ces expériences va bien au-delà du local et de la seule sphère de la consommation. Si les agriculteurs sont censés pouvoir vivre dignement de leur travail en partageant les risques, ces systèmes s’ouvrent de plus en plus à des consommateurs aux budgets réduits, et s’élargissent à d’autres producteurs non maraîchers afin d’éloigner davantage les adhérents de la grande distribution et de soutenir d’autres productions locales.
Comme dans d’autres projets autour de la nourriture, l’alimentation apparaît ainsi comme un espace d’expérimentation qui permet d’imaginer et de pratiquer des relations économiques structurées autour de valeurs sociales, politiques, environnementales, morales. La nourriture y est utilisée comme un instrument politique qui permet de dépasser les intérêts individuels et de prêter attention à l’impact environnemental de la production et de la consommation, aux rapports au travail, aux prix et à l’accessibilité.
Ces expérimentations, plus nombreuses que ce qui nous est donné à voir, constituent aussi, dans leur diversité et en dépit de leurs faiblesses, des manières d’imaginer un futur permettant de reconnecter la production et la consommation. En nous imposant des limites, elles nous incitent à prêter attention à l’impact des pratiques humaines sur les milieux de vie et l’environnement.
Valeria Siniscalchi est anthropologue, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Centre Norbert-Elias, Marseille). Elle a dirigé avec Carole Counihan Food Activism. Agency, Democracy and Economy (Bloomsbury, 2013) et avec Krista Harper Food Values in Europe (Bloomsbury, 2019). Voir également cet entretien accordé au Monde en 2019.
Article paru dans Le Monde, édition du 4 novembre 2022, rubrique « Idées ».
Si vous pouvez lire cet article, c’est parce que quelqu’un (en l’occurrence Jeannette) a payé l’abonnement. Nous n’avons pas le droit normalement de diffuser gratuitement un article issu de la presse payante. Nous nous le permettons en raison de notre faible audience. Merci au Monde de ne pas nous en vouloir.
Comment Rachel Carson a fait plier les lobbies des pesticides
Publié le 7/10/2022
Article paru dans Reporterre cette semaine, qui rappelle le rôle énorme que Rachel Carson a joué en son temps concernant les pesticides. Cette piqûre de rappel ne peut pas faire de mal alors que, soixante ans après, on se bat toujours contre ces poisons… Un article assez complet.
Le lien au vivant… à tous les vivants !
« Nous voulons 1 million de paysans »
Publié le 4/10/2022
« Nous sommes aujourd’hui soumis à des normes réglementaires et des contraintes qui sont déconnectées de la réalité et essentiellement faites par et pour l’agro-industrie. Au lieu de prendre en compte les éléments de la nature et de faire une nourriture saine et joyeuse dans le but de nourrir les gens. »
Ainsi s’exprime Noémie Calais, éleveuse de porc noir bio dans le Gers et productrice de ses propres salaisons. « Le paysan est celui qui relie les hommes à la terre. Quand on respecte l’animal, on respecte celui qui s’en occupe et on respecte par là même l’humain qu’on va nourrir derrière. »
Elle souhaite continuer à nourrir sainement et durablement ses clients et surtout cultiver la joie. Il faut l’écouter parler de ses cochons et on souhaite immédiatement que tous les paysans de France lui ressemblent !
Gabriela Morinay-Calmon intervient pour présenter Terre de Liens, une fondation qui existe depuis une vingtaine d’années et qui, dit-elle « soutient des paysans et non pas des chefs d’exploitation, car l’agriculture et l’alimentation sont sœurs… » Elle rappelle « qu’on perd tous les ans une surface cultivable comme le Havre en France. En 1952 les surfaces agricoles couvraient 72% du territoire et ce chiffre est tombé à 52% aujourd’hui. Les paysannes et paysans disparaissent avec, et il n’y a plus que 400.000 “chefs d’exploitation” (nomenclature de l’Insee!) alors qu’il nous faudrait 1 million de paysans pour nous nourrir. Terre de Liens a été créée pour sauver les surfaces nourricières !»
Gabriela MORINAY-CALMON est coordinatrice communication-collecte : terredeliens.org
Noémie Calais : https://www.leporcnoirdenoemie.fr/
fermesdavenir.org (agroécologie et permaculture)
Nous voulons des pêcheurs !
Publié le 4/10/2022
Nous avions déjà évoqué il y a quelques semaines cette nouvelle application de vente directe de poissons sur les côtes françaises. https://carte.associationpleinemer.com/
Grâce à une belle exposition médiatique, cette association fait à nouveau parler d’elle car elle évolue très favorablement…
Elle souhaite travailler avec les collectivités locales et territoriales, les offices de tourisme, ou encore les chefs cuisiniers. Car plus les gens consomment en vente directe, plus les pêcheurs ont accès à une stabilité économique. Pêcher moins et mieux valoriser, c’est l’objectif de Pleine Mer.
Et un nouveau projet est en route, le projet Mer de Liens (en référence à l’association Terre de Liens). L’idée est de développer une structure permettant de racheter des petits bateaux et d’installer des jeunes pêcheurs «durables» sur ces bateaux. L’objectif est d’empêcher les industriels de la pêche de racheter ces petits bateaux pour récupérer les quotas et construire de plus gros bateaux. En effet, ce phénomène d’accaparement des ressources menace la pêche artisanale, en concentrant les droits de pêche dans les mains de quelques acteurs.
La nouvelle carte de la pêche locale est en ligne !
L’idée de l’association Pleine Mer (associationpleinemer.com) est de développer les circuits courts en lien avec les pêcheurs sur le même type de structures que les amap telles que nous les pratiquons avec le maraîchage ou avec d’autres produits annexes. C’est-à-dire s’approvisionner en poisson local par la vente directe et les circuits courts et soutenir le principe d’une pêche durable. Ainsi, certaines amap qui proposent du poisson en direct des pêcheurs sont référencées sur le site de Pleine Mer grâce au travail du MIRAMAP (miramap.org).
Pour ce faire l’association présente une cartographie qui a pour but de relier les pêcheurs et les consommateurs, et qui évoluera au fil du temps si le mouvement s’amplifie. Et le fait de développer la vente directe permettra, à l’instar de l’agriculture, de consolider le modèle économique de ces bateaux pratiquant une pêche soutenable.
Pesticides : un consensus scientifique est-il possible?
Un épisode de l’émission « Le temps du débat », sur France Culture, animée par Emmanuel Laurentin, diffusée le 21 juin 2022.
La Commission européenne doit présenter une proposition de révision des lois sur les pesticides et la biodiversité.
Comment se fait-il qu’il soit si difficile d’établir pour le glyphosate, les néonicotinoïdes ou les fongicides SDHI un consensus scientifique même partiel sur les risques ? Va-t-on ne jamais cesser de lancer de nouvelles études ?
Il faut des réponses politiques plus importantes quant aux enjeux sanitaires et environnementaux. Pour le moment, elles ne sont pas suffisantes.
Alors qu’on connaît, depuis Le Printemps silencieux, le livre de Rachel Carson (publié pour la première fois en 1962 et qui est ressorti récemment dans une nouvelle édition), toute la dangerosité des pesticides, les lois pour les interdire tardent (encore!) à se mettre en place…
Les trois scientifiques présents dans cette émission (Jean-Marc Bonmatin, chimiste toxicologue, Laurence Huc, toxicologue en santé humaine et Giovanni Prete, maître de conférences en sociologie et vice-président du groupe «Maladies professionnelles» à l’Anses) interrogent de manière très claire les problèmes rencontrés.
Et il est évident, dès lors, qu’il faut plus que jamais soutenir les productions paysannes et nos maraîchers !
Soutien à nos paludiers !
Dans un article paru le 1er juin 2022, dans la rubrique « Conflit de Canard », Le Canard enchaîné rappelle les enjeux énormes qui opposent les paludiers français aux producteurs de sel industriel autour du label « Agriculture biologique », label que revendiquent nos 600 petits exploitants bretons et vendéens, affirmant que « seul leur sel marin artisanal est digne de bénéficier de l’estampille “AB” ».
Grâce à un sursaut de certains députés, on a échappé au label AB pour le sel extrait à coups d’explosifs, mais pour combien de temps encore ?
Raison de plus pour soutenir notre saunier, Stéphane Guichen.
Agriculture, alimentation
Extraits d’un article d’Estelle Aubin, publié sur le site de Libération le 24 mai 2022.
Toujours plus de pesticides dans les fruits et légumes vendus au sein de l’UE
Une étude, publiée par l’ONG Pesticide Action Network, démontre que la quantité de pesticides au sein des fruits et légumes augmente «spectaculairement» depuis dix ans. Ce qui contrevient aux ambitions formulées par l’Union. Ainsi, plus du tiers des pommes, le fruit le plus cultivé en Europe, est exposé aux pesticides.
L’Union européenne souhaite réduire de moitié d’ici à 2030 le recours aux pesticides les plus dangereux (herbicides, fongicides et insecticides). Depuis 2011, il était question d’éliminer les 55 pesticides les plus nocifs. Mais un rapport de cette ONG a révélé que leur présence dans les légumes et surtout les fruits vendus au sein de l’UE a considérablement augmenté au cours des dix dernières années.
Et la mûre serait le fruit le plus contaminé !
Cette ONG assure que 29% des fruits frais contiennent des traces de pesticides, contre 18% en 2011. Les fruits les plus contaminés en Europe sont les mûres (51%), les pêches (45%), les fraises (38%) et les abricots (35%). Plus du tiers (34% contre 16%) des pommes, le fruit le plus cultivé sur le continent, est exposé. La moitié des cerises serait également contaminée (contre 22% en 2011).
L’ONG note, sans préciser plus, qu’un nombre croissant de pesticides sont retrouvés à l’intérieur d’un unique fruit. Pourtant, les scientifiques mettent «de plus en plus» en garde contre ces «cocktails chimiques», qui «amplifient les effets sur la santé humaine»…
De leur côté, les légumes, moins sujets aux insectes et aux maladies, sont moins exposés aux pesticides. Les légumes les plus concernés étant le céleri, le céleri-rave et le chou kale (31%).
«Un échec des États-membres»
Constat sans appel : «Les gouvernements manquent à leurs obligations légales», pour l’ONG PAN. Car l’UE a pour ambition, depuis 2011, de réduire autant que possible l’utilisation des pesticides de synthèse, considérés comme les plus à risque. Leur autorisation est déjà réglementée dans les pays européens et les États-membres sont censés encourager des alternatives chimiques et non chimiques moins nocives. Pour conduire in fine à l’élimination pure et simple de tout pesticide.
Les conclusions de l’étude «révèlent un échec des États-membres à faire appliquer les lois au détriment de la protection des consommateurs».
Danger sanitaire et environnemental
Concrètement, les pesticides, ces substances destinées à détruire des organismes vivants jugés nuisibles, sont susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine en augmentant les problèmes de fertilité, voire le déclenchement de certaines maladies chroniques – Parkinson, cancers, diabète, problèmes cardiovasculaires en tête. Par ailleurs, 20% des agriculteurs exposés aux produits phytosanitaires ont des soucis de santé, selon une étude de la Mutualité agricole.
Les pesticides sont également très toxiques pour l’environnement, empoisonnant les sols, les cours d’eau et les invertébrés, amphibiens et oiseaux. Et ce parfois pour de longues durées, comme le révélait une enquête de l’Institut national de recherches pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.
Birds of America, de Jacques Loeuille, 2020, 1 h 24
Deux cents ans après la parution du célèbre ouvrage de Jean-Jacques Audubon (dont les activités de peintre et d’illustrateur scientifique croisent la botanique, l’ornithologie et la zoologie), Jacques Loeuille a parcouru le même périple que le peintre en son temps, en Louisiane, pour raconter comment d’autres espèces, humaines cette fois, sont elles aussi en voie d’extinction.
Birds of America propose, en remontant le Mississippi, de superposer le monde qui abordait alors tout juste la révolution industrielle avec celui d’aujourd’hui et les ravages écologiques de la société capitaliste. Entre l’évocation du travail d’Audubon et les témoignages contemporains des derniers descendants des Indiens qui occupent encore cette terre (mais pour combien de temps…), le parallèle est flagrant entre leur disparition programmée et celle des oiseaux par l’épuisement des sols dû à une politique de monoculture…
Jacques Loeuille a reçu le prix COAL 2018, distinction récompensant des artistes et des acteurs culturels sur les enjeux sociétaux et environnementaux et qui accompagne l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie à travers ses actions.
En salles à partir du 25 mai 2022, entre autres au Méliès, à Montreuil, et à L’Écran, à Saint-Denis.
Animations, rencontres, festivals
Fête de la biodiversité
Dimanche 22 mai de 18h à 21h30, au Poinçon, 124 avenue du Général Leclerc, 75014 Paris
La librairie d’Odessa (Paris 14e) présentera une sélection d’ouvrages dédiés à la nature et à la biodiversité et accueillera, en exclusivité, Denis Pic Lelièvre qui viendra dédicacer son Jardin bio en BD, bible du jardinage biologique moderne !
La ferme urbaine Les tontons flowers (dont le container hydroponique est installé sur le site) viendra présenter ses micropousses et plantes aromatiques. Présentation et vente directe.
Exposition de photos d’Anny Romand et d’œuvres de Régine Heurteur, artiste peintre : une invitation à interroger notre regard citadin sur la nature et le sens du mot « sauvage »
L’association JIBOIANA performera sur la scène du Poinçon avec des projets solidaires et écologiques, notamment pour la préservation de la nature en Amazonie.
Bar et terrasse ouverte. Entrée libre.
CINÉMA
Goliath, de Frédéric Tellier, 2021, 2 h
Pierre Niney, Gilles Lellouche et Emmanuelle Bercot… Un casting d’envergure pour le thriller environnemental Goliath, sorti le 3 février.
Ce long-métrage, inspiré de faits réels, retrace le combat de France (Emmanuelle Bercot), professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, qui milite activement contre l’usage des pesticides. Parmi eux, la Tétrazine, un désherbant produit par un géant de l’agrochimie, Phytosanis, multinationale défendue par Mathias (Pierre Niney), qui incarne un lobbyiste brillant chargé d’influencer les décisions au Parlement européen.
Les deux croiseront la route de Patrick (Gilles Lellouche), un avocat parisien spécialiste en droit environnemental, à la suite du suicide de Lucie, qui s’immole par le feu devant le siège de Phytosanis.
Le réalisateur Fredéric Tellier ( SK1) retrouve Pierre Niney qu’il avait dirigé sur le tournage de Sauver ou périr. Sorti en novembre 2018, le film retraçait l’intervention de Franck, un sapeur-pompier de Paris, qui termine dans un centre de traitement des grands brûlés après un geste héroïque.
Un film très politique
Cette lutte contre un pesticide n’est pas sans rappeler la (vraie) bataille contre le glyphosate. L’herbicide du géant Monsanto, racheté en 2018 par Bayer, est considéré depuis 2015 comme cancérogène probable par le Circ, une branche de l’OMS. Malgré cela, la Commission européenne avait accordé une autorisation de cinq ans pour son utilisation, en 2017, suscitant l’indignation.
Emmanuel Macron a reconnu début janvier «ne pas avoir réussi» sur ce dossier, alors qu’il s’était pourtant engagé en novembre 2017 pour une interdiction du glyphosate «au plus tard dans trois ans».
Goliath est sorti dans les salles à seulement 32 jours du premier tour de l’élection présidentielle. Ce thriller pourrait bien remettre les enjeux environnementaux au cœur des débats de la campagne.